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6.1.2.5 Manifeste de Christian et Jean-Claude
 

Défense et illustration de l'écologie médicale (1994)

Entretien avec les Docteurs Christian Duraffourd 

et Jean Claude Lapraz

La fin du siècle marquera-t-elle la fin de l'ère pasteurienne? L'avantage :  utiliser ses propres ressources, son identité. 

Quel est le but des recherches que vous menez ? Que peuvent-elles apporter à la médecine aujourd'hui et plus encore demain ? 

Nous cherchons à redonner à l'homme-entité physiologique-, qu'il soit sain ou porteur de maladie, la place qui lui revient dans sa quête pour la santé. Cette approche de l'homme physiologique s'appuie sur une théorie originale dont nous avons jeté les fondements il y a une vingtaine d'années et qui témoigne d'une vision différente des bases nouvelles et évolutives de la science médicale contemporaine. Cette vision différente de l'homme, qui repose sur le respect permanent de sa dynamique propre, fait appel à des notions capitales, mais négligées, telles que la relativité, la réactivité, et l'interdépendance étroite de chacun de ses organes. Cette théorie redéfinit la conception même de l'art médical, débouche sur de nouvelles définitions de l'homme en bonne santé, de la maladie et de l'usage des médicaments. Parmi eux, nous privilégions l'emploi des plantes médicinales reconsidérées selon ces données scientifiques intégrées et selon l'évolution exponentielle des connaissances des propriétés pharmacologiques des plantes et de leurs extraits. 

S'agit-il de la simple redécouverte de ce qui a existé autrefois ? 

Non. Bien que nous nous inscrivions, peut être trop en avance, dans l'évolution cyclique et cohérente des connaissances universelles de la science. En effet le regard posé sur le monde, comme sur l'homme, s'élève, devient plus englobant, dès lors que les ressources de la théorie dominante, fruit d'une découverte révolutionnaire, se sont épuisées. C'est le cas à l'heure actuelle pour la médecine qui vit si mal les derniers soubresauts de l'ère pasteurienne. Depuis la découverte des germes "responsables de toutes les maladies" et la consécration transitoire de chacune des sciences qui sont issues de celle directe, l'infectiologie, c'est-à-dire la bactériologie, la mycologie, la virologie, l'allergologie, la cancérologie, la médecine moléculaire et l'immunologie, la science médicale revient aux sources de l'homme: la génétique. Mais elle pose déjà sur celle-ci son même regard dichotomique sur l'homme et chacun de ses constituants. Le chromosome, le gène remplacent désormais les micro-organismes, à la configuration analogue. 

Pour la médecine classique, l'individu n'existe que pendant l'instant où l'on diagnostique sa maladie. Nous voulons lui rendre toute sa responsabilité dans la genèse de sa maladie, dans la maîtrise de son évolution et dans sa participation à son traitement. 

Prenons comme exemple les maladies infectieuses. Depuis Pasteur le germe est reconnu comme responsable de la maladie infectieuse du fait de sa présence surabondante sur le lieu de l'infection et de la disparition de celle-ci avec la réduction de sa concentration. Pour notre part, nous considérons que la prolifération du germe est la maladie, que ses manifestations immédiates en sont les symptômes, que les maladies induites en sont les conséquences, source ou non d'autres pathologies. Nous déplaçons ainsi la responsabilité de l'état maladie en amont du germe. Et juste en amont du microbe il y a le site d'élection et son écologie particulière, il y a la mécanique de régulation physiologique de l'organe qui l'abrite, son interdépendance étroite avec l'ensemble de l'organisme, des organes de voisinage à ceux participant du même système métabolique. Chaque micro-organisme ne peut se développer que dans un milieu privilégié, et, nous le savons bien par l'expérience de laboratoire, inoculé à cinquante individus il ne se développera que chez un nombre dérisoire d'entre eux; enfin 99% des germes nous habitent déjà dans des proportions écologiquement déterminées. 

Nous revoici directement plongés au coeur du débat de la fin du siècle dernier sur la contagiosité et la non-contagiosité. Vous avez compris que, loin de nier la réalité de la contagion, c'est-à-dire de la transmission inoculaire d'hôte à hôte des agents dits pathogènes, devant les conséquences minimales de celle-ci, notre penchant pour la majorité des infections non épidémiques va résolument vers la non-contagiosité. En ce qui concerne les mécanismes épidémiques, la contagiosité participe pour une part mineure à la propagation de la maladie. Seuls les mécanismes qui relèvent des facteurs propres à l'individu, et au-delà à un ensemble collectif d'individus, détermineront son importance, son intensité et sa durée. Ces mécanismes sont ceux physiologiques qui participent de l'état du patient au moment où il reçoit le germe épidémique ou circonstanciel. Seul cet état fera que l'inoculat trouvera sur place le milieu de culture propice à son développement. Seul cet état succédant à un autre état fera que les conditions écologiques nouvelles seront celles propices au développement majoritaire et pathogène d'un germe régulièrement présent et innocent. 

La responsabilité de l'individu par rapport à la détermination de sa maladie s'établit ainsi clairement. La véritable difficulté réside dans l'appréciation de cet état particulier de chaque individu, son évaluation critique et précritique et celle des facteurs responsables, inducteurs du passage d'un état à l'autre. Le diagnostic en repose sur une analyse clinique fine, subtile et approfondie, quelquefois étayée par des examens complémentaires. Il nécessite une connaissance véritable de la personne qui se confie à nous et nous oblige à des consultations longues, rarement plus courtes qu'une heure, une heure et demie. 

Vous considérez donc qu'un véritable dialogue avec le malade est indispensable ? 

Oui, et à tous les temps: anamnestique, diagnostique, pronostique et thérapeutique. Plus encore, ce dialogue ne se limite pas au seul langage, ni même à une écoute attentive, mais s'étend à cet échange véritable que constitue l'évaluation clinique de l'état du patient et de chacun de ses organes, de leurs interrelations, de leurs participations relatives à la résultante globale, à la genèse de la maladie, à son maintien et à l'équilibre présent institué entre la maladie et celui qui la porte. 

En un mot, à l'inverse de la médecine officielle, nous posons d'abord notre regard sur le malade, sous tous ses angles et dans son contexte dynamique, évolutif. À l'inverse? Récemment, sur les ondes, un éminent professeur interrogé sur l'intérêt résiduel de l'examen clinique l'a tout simplement décrété "parfaitement inutile". Il est vrai que, dans la médecine moderne, la maladie n'est plus inspectée qu'à travers des instruments. Elle établit ses diagnostics sur des images ponctuelles, sur des clichés, qu'ils soient d'imagerie proprement dite ou de dosages biologiques. Par l'introduction de la clinique et de la physiologie dans nos observations, nous passons en quelque sorte de la photographie statique au cinéma dynamique. Cet examen clinique est fondamental parce qu'il nous apporte des renseignements sur des éléments figés de la structure et sur des éléments actifs et évolutifs de la fonction et qui sont directement corrélés aux précédents. Il s'agit d'une clinique repensée complètement à travers les données de la science actuelle. À chaque fois que nous voyons le malade, nous commençons, bien sûr, toujours par établir le diagnostic de la maladie, mais en replaçant celle-ci dans son contexte particulier de l'hôte qui l'a générée, qui la combat, qui la tolère. Nous statuons ainsi sur le déterminant étiologique propre au malade, sur les éléments qui l'ont conduit de cet état d'équilibre particulier que l'on appelle précritique à celui dit critique qui a permis le déclenchement de la maladie. Nous cherchons à évaluer le niveau d'équilibre d'où il vient, à préciser rigoureusement celui du complexe, précritique et critique, où il est et à prévoir celui où il faut le mener pour le sortir de la maladie, pour lui rendre la santé. 

Cela fait, nous nous attachons à corriger ces facteurs de déséquilibre en modifiant les niveaux d'équilibre pathogène. Pour être d'une agressivité réduite ce type de thérapeutique doit être respectueux de l'individu et offrir des médicaments capables de s'intégrer à son organisme et de le modifier de la manière la plus physiologique possible. Le choix d'un tel matériel thérapeutique s'est fait parmi ceux proposés par de nombreuses méthodologies différentes. Parce qu'elles ont une physiologie voisine de la nôtre, parce qu'elles contiennent des concentrations de principes pharmacologiques voisines des concentrations physiologiques des éléments analogues du métabolisme humain, parce que le matériel disponible est suffisamment large pour pouvoir être intégré à toutes les approches thérapeutiques, nous avons choisi les plantes médicinales. 

Nous voulons retrouver une médecine véritablement humaine et ne pouvons donc adhérer à la standardisation, à la stéréotypie, à l'uniformisation qui réduisent la personne à sa seule capacité d'opposition, d'échappement aux traitements subis. 

Comment procédez-vous sur le plan pratique ? Puisez-vous dans ce qui existe depuis toujours ? 

Nous privilégions l'emploi des plantes médicinales les plus rigoureusement étudiées par la science pharmaceutique. Une meilleure connaissance de leurs composants, de leurs propriétés particulières, comme de celles de leur tout, nous permet en permanence leur intégration au matériel thérapeutique, intégration adaptée à l'évolution des connaissances physiologiques. Mais nous laissons une part importante aux apports de la tradition. Témoignant, chez ces praticiens d'un autre âge, d'une qualité remarquable du sens de l'observation de la vie qui les entoure, les diverses médecines à spécificité ethnique procèdent d'une utilisation intuitive de la physiologie. Celle-ci ne demande qu'une transcription des renseignements que ces ethnomédecines nous apportent. Passés au crible, à la lumière, des données évolutives de la science médicale moderne, tout comme à celle des sciences fondamentales, ils viennent corroborer, renforcer notre savoir évolutif quant aux propriétés des plantes médicinales et de leurs modalités d'action, mais avec pour filtre le correctif de la théorie endocrinienne du terrain. Appliquée à l'ensemble des informations recueillies sur place par les ethnopharmacologues, cette méthode d'investigation permettrait de combler, en un temps très réduit par rapport à celui qu'impose le strict respect des méthodologies des protocoles dits "de pointe", le large hiatus en forme de fossé qui sépare ces traditions de notre médecine scienti-industrialisée. 

C'est dans ce but et dans celui de faciliter l'enseignement, la diffusion au plus grand nombre, de cet usage particulier des plantes médicinales que nous réalisons actuellement une refonte totale des monographies qui les définissent. 

Pour en accroître l'efficacité, sans grever le double objectif de simplification et de diffusion la plus large possible, cette présentation nouvelle des plantes-médicaments intègre un enseignement non dévoilé de l'approche très complexe de l'individu à travers la mouvance dynamique de son état endocrine. 

Dans ce cadre précis, nous prenons un patient entièrement en charge. Au terme de l'examen qui nous est habituel, nous avons déterminé l'état général et fonctionnel de l'individu, en quelque sorte sa géométrie personnelle. L'observation clinique diagnostique du malade permet d'établir l'état d'équilibre, alors constaté, constitué au fil des années par la résistance de l'organisme face aux assauts successifs des facteurs de déséquilibres d'origine exogène tout comme endogène. L'effort thérapeutique portera d'abord sur une volonté farouche de protection permanente du sujet contre les agents agresseurs et dans le même temps, ou un temps ultérieur, sur une tentative de correction des défauts de structure. Ce traitement comporte à côté des remèdes déterminés par l'état structurel, une double partie fonctionnelle. L'une modulable sur les variations imposées par l'évolution des agresseurs endogènes, l'autre très circonstanciée, adaptable selon les agresseurs exogènes de toute nature. 

C'est surtout pour répondre de cette dernière part de nos possibilités thérapeutiques que nous avons été engagés en 1989 à l'hôpital Boucicaut, en tant qu'attachés de consultation dans le département de cancérologie de la Clinique Chirurgicale Générale et Oncologique du Professeur Jacques Reynier. Notre rôle y est extrêmement précis et limité dans le temps à celui pendant lequel les patients qui nous sont confiés sont soumis à des traitements chimiothérapiques lourds. Ces traitements systémiques destinés aux soins du cancer dont sont atteints ces patients représentent le premier des agresseurs exogènes auxquels nous avons à faire face. Nous nous efforçons, ainsi, de leur permettre de mieux supporter cette chimiothérapie en protégeant les organes qui lui sont le plus sensibles. Nous tentons d'en améliorer régulièrement le rendement en fournissant à l'organisme les moyens de favoriser au mieux l'activité métabolique de chacun de ceux qui ont pour fonction de libérer et d'activer, à l'intérieur, les principes antimitotiques de chaque remède chimique employé. 

Même si elle est restreinte dans le temps et dans les moyens qui nous sont accordés, notre intervention tente, en outre et au minimum, de corriger certains des éléments immédiats liés aux agresseurs endogènes. Ceci dans le but d'éloigner le malade de l'état critique où il se trouve et qui favorise l'expression de la maladie, sa prorogation voire son amplification. 

Cette correction se  fait donc par les  plantes médicinales ? 

Non systématiquement, mais prioritairement à l'aide de plantes médicinales employées en l'état ou sous forme d'extraits totaux. Elle peut, par ailleurs, prendre appui sur des remèdes conditionnés, à base de leurs extraits reconcentrés en l'un ou l'autre de leurs principes actifs. Parmi ces derniers, elle peut directement utiliser celui chimique correspondant à l'activité pharmacologique précise recherchée, qu'il ait été isolé ou synthétisé. L'ensemble de nos actions intervenant sur le métabolisme général de chaque individu, tout comme sur celui spécifique de chaque organe, ne peut s'envisager sans le secours de tous les moyens supplémentaires qui nous permettent d'agir sur la catalyse, et en premier lieu les éléments-traces et les vitamines. Tout comme pour celui des plantes, leur usage ne peut se concevoir que précis et rigoureux, c'est-à-dire hors de toutes systématiques. 

Enfin, notre détermination à soulager l'organisme, à réduire les efforts qu'il a à fournir pour sa maintenance physiologique, nous amène, pour chacun de ceux que nous prenons en charge, à assurer une protection optimale contre les facteurs agressogènes. Ceci impose de compléter notre action de multiples mesures de correction de comportements nocifs, touchant à l'hygiène la plus élémentaire, de manière plus large à la totalité de l'hygiène de vie. Les conseils porteront de façon régulière sur l'alimentation. De diététique générale concernant la maladie elle-même, son stade évolutif, ils seront complétés par ceux de diététique particulière au sujet en lui-même et face à sa maladie et à la thérapeutique qu'il subit. 

Il existe sur le marché de la pharmacie française un millier de plantes médicinales couramment produites par des laboratoires pharmaceutiques. Elles n'ont jamais quitté l'arsenal thérapeutique médical, mais elles restaient en général sur les étagères d'un placard en réserve théorique du praticien. Elles sont revenues à la mode depuis une dizaine d'années, employées sans véritable discernement par les thérapeutes de tous horizons. Placées de fait dans une situation ambiguë, au regard de la loi, en raison de leur inscription officielle à la pharmacopée française sans inscription fondamentale aux données évolutives de la science médicale. Objet d'engouement, objet de rejet véhément, elles suscitent des tentatives de démonstration de leur activité physiologique par des expériences modernes, au moyen d'analyses et d'expérimentations de plus en plus fréquentes et qui nous confortent dans nos convictions. Elles appellent des réglementations qui, pour l'heure, n'ont fait que nourrir l'ambiguïté de leur utilisation officielle. 

Si à l'heure actuelle le remède de puissance synthétique représente 100 % des actes thérapeutiques du médecin au quotidien nous estimons que 95 % d'entre eux devraient être remplacés par l'usage de plantes médicinales. 

Pouvez-vous donner un exemple précis dans le cas du cancer par exemple ? 

Il convient tout d'abord de préciser que nous ne saurions envisager la maladie cancéreuse d'une manière différente de celle des autres affections que nous sommes amenés à prendre en charge. Devant un malade porteur d'une maladie, nous en établissons logiquement le diagnostic, nous évaluons son degré d'urgence à tous temps par un approfondissement progressif, en cours d'examen, de l'évaluation de l'état général de l'individu dans son tout et dans chacune de ses particularités. Nous définissons avec précision la nature des rapports entre la maladie et celui qui en souffre, et la tolère. Nous nous efforçons ensuite de préciser les désordres métaboliques placés en amont de l'étiologie spécifique connue ou non, qui ont conduit le malade à laisser libre cours à cette maladie. Cette approche nous a permis de noter, il y a déjà près de 15 ans, le rôle primordial que joue la thyroïde dans la genèse d'un très grand nombre de cas de cancers du sein. La progression de nos travaux sur la théorie du terrain a confirmé cette hypothèse, nous a permis de préciser l'importance de ce rôle dans l'évolution et par conséquent sur le pronostic de cette maladie. Selon que l'intervention de cette fonction catabolique se place en amont, c'est-à-dire de façon "actionnelle", au trouble hormonal ovarien, ou, à l'inverse, en aval de ce dernier, c'est-à-dire de façon "réactionnelle" au désordre que l'ovaire induit. 

Cet exemple, pris parmi de multiples autres, illustre clairement la qualité épistémologique de "prédictibilité" de la théorie du terrain. Si nous la soulignons ici avec insistance c'est que cette qualité est indispensable à la validité d'une théorie et qu'elle constitue la meilleure preuve de la réalité de celle-ci, au regard des exigences fondées sur la philosophie de la science officielle. Si nous insistons sur notre antériorité sur la reconnaissance du rôle de chaque glande endocrine dans la mécanique étiologique véritable des maladies, c'est en premier lieu dans un souci de démonstration de son fondement et de sa réalité, en second lieu dans le but d'accélérer la prise en compte de la véritable étiologie des maladies qui se situe, dans tous les domaines- sauf ceux accidentels, et encore - bien en deçà de l'étiologie spécifique. En effet, nous sommes ici en plein dans la zone où l'inversion du mouvement de chute inéluctable dans lequel la médecine est fermement engagée est encore possible. Pour cela il faut que nos maîtres à penser cessent de s'obstiner dans la croyance farouche en ce postulat de la médecine expérimentale issue de Claude Bernard que toute pathologie est accidentelle, provient de l'extérieur, en un mot que tout passage de l'état physiologique à l'état maladie n'est que fracturaire. Tout le raisonnement de la théorie endocrinienne du terrain repose sur celui inverse qui implique totalement l'homme physiologique dans la responsabilité de son devenir d'être malade, qui rend ainsi actif le rôle de la prévention, et ne le confine plus dans un mode attentiste de dépisteur d'une maladie installée ou d'une rechute gardant alors son caractère d'obligation incontournable. 

Dans le service hospitalier où nous travaillons, totalement déchargés du souci de la maladie elle-même remarquablement prise en charge par l'équipe chirurgicale du Professeur J.Reynier, assisté du Professeur J.M.Chevalier ou par celle d'oncologie médicale dirigée par le Docteur D.Belpomme, assisté du Docteur F.Guinet, l'essentiel de notre action porte sur la réduction la plus large possible de toutes les toxicités. Limitée dans le temps par la durée de la chimiothérapie cette action ne peut se concevoir de fond, c'est-à-dire active en profondeur sur les désordres physiologiques constitutifs des déséquilibres successifs qui ont conduit chaque malade à sa maladie. Aussi devons-nous nous contenter de modérer dans ce court laps de temps notre action sur les éléments de réactivité, de relance par l'organisme des facteurs responsables de l'entretien de la maladie. Ainsi dans le cancer du sein, nous prescrivons des remèdes capables d'interférer avec le métabolisme thyroïdien de manière à ce que son niveau d'action freine, entrave le renouvellement cellulaire au lieu de le favoriser ou de l'amplifier. 

 Toute votre philosophie est donc basée sur la notion de déséquilibre. Est-ce une nouvelle approche de la médecine ? 

Pas exactement. Elle est fondée sur la reconnaissance des distorsions qu'entraîne la volonté farouche de l'organisme de maintenir, envers et contre tout, chacun et l'ensemble de ses équilibres, fussent-ils aberrants. C'est, en effet, dans cette activité permanente d'adaptation que l'organisme va puiser le plus gros des étiologies véritables de ses maladies, celles à la source du déclenchement des mécanismes intitulés "étiologie spécifique". C'est à ce niveau que se situe le fondement de la nouveauté dans cette approche de la médecine. Il y a quelques décennies le Professeur Hans Selye a énoncé ce principe primordial: le syndrome général d'adaptation. Capital pour la compréhension de la totalité des phénomènes qui président à la nécessaire intégration des événements qui nous sollicitent à chaque instant, ce syndrome, appelé stress en anglais, a été réduit à une simple manifestation de comportement. Conforté dans son expression réductionniste par les travaux sur l'action-inhibition du Professeur Henri Laborit, il est passé dans les moeurs totalement confondu avec chacun des agents psychogènes qui le déclenchent. Cette erreur grossière est très régulièrement perpétuée par le corps médical lui-même ce qui explique l'absence de développement de cette découverte face aux immenses promesses qu'elle contenait. Réponse univoque de tous les organismes à la multiplicité des agresseurs dont ils sont sans cesse objet, l'adaptation est le point d'achoppement de la différence d'appréhension de la genèse des maladies entre notre approche et celle de la science médicale moderne expérimentale. Tant que les pathologistes refuseront de considérer que la maladie puisse être issue de l'incapacité de maîtriser les "anomalies" volontairement mises en place par l'organisme dans un but adaptatif, pour faire front à une situation à volonté déséquilibrante donnée, ils ne parviendront pas à progresser dans le traitement radical des maladies chroniques, récidivantes et dégénératives. En laissant, voire en les aggravant par les traitements par trop antiphysiologiques que leur philosophie les contraint à employer, évoluer les raisons profondes de l'écologie, et donc de l'étiologie véritable, de la maladie, ils se privent de la seule chance de leur éradication. 

 A vos yeux, par conséquent, la médecine classique se fourvoie dans des voies dangereuses ? 

Elle s'y est fourvoyée dès l'origine de son ère moderne, dès l'époque de Pasteur et de la découverte des germes, puis de l'ensemble des micro-organismes. Capitale pour la survie immédiate d'un grand nombre de patients submergés par leur maladie, c'est-à-dire profondément débilités dans leurs défenses, l'usage qui va être fait au fil des années de la croyance du germe, et par analogie de l'agent extérieur, responsables de tout, est à l'origine du système de pensée de la médecine moderne, donc de ses limites maintenant atteintes, et de l'évidence grandissante de sa pathogénicité propre. 

Son action hyperpathogène trouve sa preuve dans la prolifération des fléaux modernes qui nous accablent aujourd'hui, et qui débordent largement le cadre des maladies de civilisation. Ils sont tous la conséquence directe de l'abus de la facilité du réflexe germe responsable-antigerme, cause spécifique-anticause spécifique. L'homme évincé de sa maladie, seule façon de supprimer les multiples facteurs de variabilité incompatibles avec une juste démonstration appliquée de la médecine expérimentale, devient ainsi la principale victime de cette approche superficielle de la maladie. 

Prenons simplement l'exemple des maladies virales qui dominent de très loin à l'heure actuelle le tableau des maladies immaîtrisables. Peu ou prou on retrouve une trace de leur responsabilité dans la mécanique de développement des maladies à divers stades de celui-ci. Retrouvons cette notion d'écologie médicale qui sous-tend notre propos d'aujourd'hui, l'équilibre de la flore microbienne qui nous habite, sans laquelle nous ne pouvons pas vivre, est fait d'une certaine harmonie entre chacun de ses composants. Schématiquement, les germes assurent, au centre, la balance générale. Le manquement à l'équilibre, sans cesse renouvelé par la synergie des thérapeutiques antimicrobiennes et de la stérilisation, de l'aseptie dans laquelle on tente de nous confiner, a fini par générer une sélection majoritaire des deux extrêmes, virus et champignons. Sans même faire intervenir les simples conséquences métaboliques d'un tel désordre, la coupure du lien direct aux systèmes de défense spécifiques, que constitue la flore microbienne, est responsable de l'échappement de toutes ces maladies aux traitement dits eux-mêmes spécifiques. En quelque sorte, l'homme déconnecté de lui même s'organise pour échapper aux traitements qui veulent détruire son équilibre acquis. 

Cela veut-il dire que vous êtes contre l'usage abusif des médicaments, notamment des antibiotiques, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui ? 

Absolument. C'est peut être la seule réalité sur laquelle tout le monde s'accorde, théoriquement et dans l'absolu, à l'heure actuelle. Même si les raisons de cette conclusion sont diamétralement opposées. C'est sans doute le point de rencontre le seul possible aujourd'hui entre les deux regards posés sur la médecine. Cette notion d'échappement de plus en plus rapide des germes à l'arsenal thérapeutique antibiotique moderne, pourtant de plus en plus performant, devient un véritable problème pour la médecine officielle. Le nombre de patients qui décèdent chaque année de ce seul fait, à savoir, l'absence d'antibiotiques encore efficaces sur des germes pourtant banaux, générateurs de maladies pourtant réputées à guérison spontanée, va en s'accélérant de façon catastrophique. 

Or, quand on réalise le nombre invraisemblable de sujets, porteurs de ces "affections saisonnières qui guérissent toutes seules", qui sont soumis des mois durant à des traitements antibiotiques, voire antibiotiques plus corticoïdes, qui les entretiennent dans des conditions de répétitivité de telles affections, on comprend mieux le pourquoi de l'évolution progressive des types de pathologies rencontrées. 

Le véritable problème est que, conscients de ce phénomène abusif en ce qu'il les limite dans leurs possibilités d'actions ultérieures, mais refusant de considérer les véritables et catastrophiques conséquences à terme d'une telle politique thérapeutique, les patrons de la médecine cautionnent de fait la perdurance d'une telle situation. 

En refusant toutes autres solutions thérapeutiques que les médicaments spécifiques et pourtant totalement inappropriés à la situation de la médecine au quotidien, en persévérant à ne regarder que les rares cas qui échappent à leurs propres systèmes de régulation, ils entretiennent et accélèrent la multiplication des malades et des maladies. 

Que faudrait-il faire pour inverser le mouvement ? 

Tout d'abord il est indispensable que notre approche soit considérée pour ce qu'elle est, une dynamique de progrès et une solution possible aux énormes problèmes que rencontre actuellement la médecine dans le monde entier. Il faut que les médecins classiques cessent de croire que nous voulons prendre leur place. C'est parce qu'elle n'a pas su rester dans le cadre propre de ses capacités et qu'elle a toujours refusé de laisser à d'autres la possibilité de prendre en charge tout ce qui échappait de fait à son regard trop parcellaire sur l'homme malade, que la médecine est devenue la propre source de son autodestruction. 

Prenons deux exemples supplémentaires pour accréditer de telles affirmations qui peuvent apparaître ici comme bien péremptoires. Depuis vingt ans tous les efforts de la recherche se sont portés sur la cancérologie. Il n'est pas de discipline qui au cours de ces années ait vu se multiplier à une telle vitesse les moyens qui lui étaient accordés, aussi bien en hommes, qu'en matériel et financement. Le seul résultat qui soit actuellement certain et mesurable est qu'elle peut se targuer d'avoir enfin pris la tête, toutes formes confondues, des causes de mortalité dans le monde. Ceci ne nous parait pas probant de la justesse de la voie suivie. Autre exemple, l'ostéoporose. Autrefois le risque pour une femme ménopausée de voir se manifester cette maladie était de 13 % à 70 ans; aujourd'hui après un certain nombre d'années de mise en place de traitements préventifs, c'est-à-dire depuis l'utilisation des traitements hormonaux ce risque a doublé, est monté à 26 % et ceci dès l'âge de 58 ans. Or la théorie endocrinienne du terrain prédit que l'utilisation des traitements hormonaux substitutifs, loin de prévenir l'ostéoporose, accélère ce risque. Les faits globaux le prouvent. 

La solution est donc de rendre à chacun sa part de responsabilité. Laissons la pathologie installée au pathologiste, rendons l'homme à tous les stades de son évolution de santé au médecin qui saura le prendre en charge. 

A ce titre, notre expérience à Boucicaut de dichotomie parfaite des tâches entre les pathologistes et les oncobiologistes, nom donné par le Professeur Reynier à la particularité de notre exercice, de notre tâche et de notre art, aurait pu être exemplaire si son impact réel n'était fortement réduit par les multiples contraintes de sélection des malades, de moyens et de durée. 

Il nous apparaît donc urgent d'accélérer la formation de médecins redevenus cliniciens, capables de respecter l'individu dans sa constitution charnelle et non pas exclusivement dans des apparences d'attitudes relationnelles. Il est capital que ces médecins puissent très vite disposer des moyens de cette action qui doit concerner plus de 90% des sujets qui consultent au quotidien un médecin, ceci nonobstant la nécessité ou non d'une cohabitation des deux modes thérapeutiques. 

LES TEXTES QUI SUIVENT SONT POUR LES ENCADRES

FEDERATION INTERNATIONALE 

des 

ASSOCIATIONS de DEFENSE, de RECHERCHE 

et 

d'ENSEIGNEMENT de la PHYTOTHERAPIE 

(F.I.A.D.R.E.P.)

Cette fédération internationale réunit des associations médicales ayant accepté communément, entre autres, les objectifs suivants: 

 *unifier et coordonner la défense d'un usage de qualité pharmacomédicale des plantes médicinales, en tant que thérapeutique à destinée strictement médicale, dans chaque pays membre, en Europe et dans le reste du Monde. 

 *diffuser au niveau international un enseignement coordonné de la Phytothérapie qui doit répondre aux exigences d'un consensus reposant sur les critères d'uniformisation et d'échange reconnus de la pharmacognosie par la Communauté Européenne, et au niveau clinique d'un consensus faisant reposer l'abord du malade sur la notion fondamentale de terrain, et l'enseignement de la phytothérapie sur les thérapeutiques en découlant. 

 *développer une recherche scientifique, tant clinique que pharmacognosique, répondant aux critères inclusifs de la recherche médicale officielle, et à ceux propres à la spécificité des plantes médicinales et de leur usage. 

 *promouvoir une éthique commune de défense de la phytothérapie 

 PLANTES MEDICINALES ET PHYTOTHERAPIE CLINIQUE 

Le 8ème CONGRES INTERNATIONAL 

de 

la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie 

(SFPA) 

ET 

Le PREMIER CONGRES INTERCONTINENTAL 

de 

la Fédération Internationale des Associations de Défense, de Recherche et d'Enseignement de la Phytothérapie 

(FIADREP) 

organisé conjointement avec 

la Faculté de Pharmacie de Monastir 

s'est déroulé à TUNIS les 19 et 20 Mai 1993)

sous le haut patronage du Président de la République Tunisienne, son Excellence Zine El Abidine Ben Ali 

en présence de 500 participants venus de 49 pays, médecins, pharmaciens, chercheurs, membres d'organisations internationales et industrielles, de mouvements associatifs et d'ONGs, après un large tour d'horizon de l'utilisation actuelle des plantes médicinales dans le monde, ont débattu des perspectives futures de la place de ces plantes dans des systèmes de santé évolutifs, des problèmes posés et des solutions possibles quant au contrôle scientifique de leur usage. 

Les participants ont adopté les recommandations suivantes: 

1) Recherche et coopération 

  • Renforcer les capacités de recherche des pays du Sud dans le domaine des plantes médicinales. 
  •  - Etablir une coopération entre pays du Sud et du Nord dans le domaine des plantes médicinales. 
  •  - Etudier les bases communes d'un système de santé redéfini permettant d'utiliser au mieux les plantes médicinales selon les règles de la plus stricte économie tant du point de vue physiologique que social, d'envisager leur utilisation à tous les stades de la thérapeutique de la prévention aux soins les plus performants, de formaliser et d'établir les modalités de démonstration et de crédibilisation de leur activité fonctionnelle. 
2) Politique de santé 
  • Cet effort de crédibilisation et de communication implique :
  • une formation adéquate des médecins, des pharmaciens. 
  • une information objective des prescripteurs. 
  • une large et honnête information du public 
  • l'adoption de mesures juridiques instaurant un nouveau modèle de démonstration de l'activité des plantes médicinales basé sur des contrôles d'activité qualitative. 
  • Seuls ces modèles permettront dans tous les pays, des plus démunis aux plus nantis, de démontrer dans le respect du temps et de la plus stricte économie de recherche, seule compatible avec la finalité de coût réduit des soins dans le monde, le libre et rapide passage des données et informations, de l'empirisme à leur explication et crédibilisation scientifique. 
  • l'adoption de mesures juridiques instaurant un contrôle de la qualité et de la commercialisation des produits
3) Environnement 
  •  Les participants sont convaincus : 
  • de la nécessaire préservation du patrimoine floristique de tous pays 
  • de la nécessaire facilitation dans tous pays de la production de ces plantes. 

Curriculum vitae 

Président et Secrétaire Général de la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie, Attachés de Consultation des Hôpitaux de Paris (Clinique Chirurgicale Générale et Oncologique, Pr Reynier, Hôpital Boucicaut) les Docteurs C. Duraffourd et J.C. Lapraz sont impliqués dans le développement de la Phytothérapie Clinique depuis 1972. 

Auteurs des "Cahiers de Phytothérapie Clinique" (Editions Masson), ils se sont consacrés à la diffusion d'une Phytothérapie véritablement médicale en participant à la création d'un enseignement clinique, tant en France qu'à l'Etranger: Belgique, Espagne, Etats Unis, Grèce, Italie, Mexique, Suisse, Tunisie, en collaboration avec les Universités ou les sociétés savantes de ces divers pays. 

Président et Secrétaire Général de la Fédération Internationale des Associations de Défense, de Recherche et d'Enseignement de la Phytothérapie (FIADREP) ils poursuivent des études expérimentales, tant en médecine praticienne qu'en milieu hospitalier, pour préciser les capacités thérapeutiques réelles des plantes médicinales dans leur utilisation strictement clinique. 

En rapport étroit avec les organismes officiels depuis 1977: Ministère de la Santé, Ordre des Médecins, Ordre des Pharmaciens, Parlement Européen, etc..., ils ont participé à diverses Commissions Ministérielles (Autorisation de Mise sur le Marché, Qualité des Huiles Essentielles, Transparence, Evaluation) et établi un rapport sur l'état de la Phytothérapie en France pour le Ministère de la Santé (1985).