TEXTUREMAN
ou
L'Homme Texturologique
Plus qu'un avatar virtuel, un comportement
pour assurer la Culture en Réseau.
Par Patrick Saint-Jean

Culture en réseau, les réalités locales
Débat 108. Animateur André Jean-Marc Loechel

Le Temps de l'Homme mondial.
20-ème Université d'Été de la Communication
Août 99

Le Temps de l'Homme mondial

Plus que jamais et plus que l'Homme d'aujourd'hui, l'Homme de demain peut quitter son isolement pour assumer pleinement sa citoyenneté, dans les différents espaces aussi bien concrets que virtuels voire abstraits, où il voudra bien y vivre, qui lui seront proposés ou qu'il saura élaborer et articuler. L'Homme mondial sera donc à la fois non seulement un spectateur de la connaissance, du patrimoine scientifique, culturel et social, mais également un regardeur et un acteur.

La première préoccupation de l'Homme mondial sera de gérer son temps sans passer tout son temps à le gérer mais à vivre son temps, car c'est maintenant son temps de parole et d'action.

L'outil, voire l'instrument, le système, le réseau informatique peut l'aider et l'assister à :

L'Homme mondial est à la membrane entre le local et le global où il interfère pour créer le relief de son existence. C'est un "holo sapiens".

Sans qu'il devienne un robot interactivé en permanence par la collectivité pour l'activer, l'orienter, le manipuler, et le contrôler, - ce qui était d'une certaine façon le côté négatif de la cybernétique avec son centralisme - l'Homme d'aujourd'hui se virtualise en développant ses potentialités capables de s'actualiser.

L'Homme mondial et la Culture en réseau

Dans son rôle et sa position sociale, à chaque implication dans la citoyenneté, l'Homme mondial à besoin de plus en plus de connaître sa propre culture et celle des autres. En ce sens, la culture en réseau, et son expression en réseau, sont fondamentales, non pas seulement pour exprimer ses origines et son passé, mais pour vivre au présent l'évolution de sa culture et créer sa propre expression et des expressions communes comme repères, références, sujets, objets et moyens de réflexion et d'action, voire d'interaction, d'intercréation (interaction visant à la création d'objets) et d'intercréaction (interaction visant à la création d'actions) entre groupes sociaux, groupes de travail et entre générations.

C'est par ses moyens et le sens de ses interactions en réseau que l'Homme mondial sculpte sa culture et cultive sa sculpture.

C'est le développement des réalités locales dans la virtualité de la Globalité, qui fera le genre humain.

Alors à partir de quels outils les collectivités locales vont-elles animer la vie culturelle et mettre les différents acteurs en réseau ? Est-il possible de donner accès à la culture, mais aussi à la mise en réseau de la création artistique. Quelles sont les conditions de la transformation ?

L'Homme mondial a à sa disposition, des concepts, des moyens, des volontés, des actions et des réalisations.

Les Concepts de l'Homme mondial

Le triptyque "relations, liens, transactions" :

S'il faut savoir s'isoler pour réaliser certaines tâches et pour se donner le temps de la réflexion, tout organisation passent par la nécessité de relations facilitant des liens appropriés à toute transaction.

Le triptyque "sous-réseau, réseau, sur-réseau" :

Selon la modélisation ensembliste partant d'un réseau et de la propriété d'inclusion, ce triptyque forme des réseaux hiérarchiques (RH) emboîtables.

Le triptyque "réseau centralisé, réseau répartie, réseau distribué" :

Selon la modélisation ensembliste partant d'un réseau et de la propriété d'union, ce triptyque forme des réseaux distribués (RD) complémentables, implémentables, superposables.

Le triptyque "réseau RH, réseau RD, réseaux de réseaux" :

Le réseau hiérarchique RH (série) et le réseau distribué de classes RD (parallèle) sont des réseaux linéaires ou plans donc connexes. Le réseau de réseaux est, lui, non nécessairement connexe, donc multicouche, et du fait de l'existence des localités, permet d'arranger, de tisser, de toiler, de texturer dans les trois dimensions et le voisin de mon voisin n'est pas forcément mon voisin. Ce qui permet la variété et l'articulation de variétés dans la complémentarité et donc une extension des notions d'identité et d'unification dans l'identité à celle d'identité déclarée et d'unification dans l'interconnexion des variétés, transformant la recherche de supériorité dans le besoin d'évolution expansionniste par celui d'une volonté d'égalité dans le besoin d'épanouissement.

Le triptyque "Propriété, Variété, Identité" :

Il est possible de constater différents niveaux ou variétés d'identités pouvant intervenir dans une dualité localité-globalité et individualité-collectivité :
Individu (enfants, adolescent, adulte), famille (enfants, parents), groupe familial (familles apparentées, p.a.c.s), groupe relationnel (les amis, les relations sociales, les relations de travail), groupe social, groupe économique, immeuble, groupe d'immeubles, quartier, ville, groupe de villes (jumelage), commune, groupe de communes, département, groupe de départements, région, groupe de régions, État, groupe d'États, Europe, Monde. Cosmos.
Autant d'identités variées pouvant jouer à la fois le rôle de localité et de globalité.

Le Virtuel peut refléter les mêmes niveaux ou variétés (sites de représentation, réseau de connexions) avec la particularité que chacun peut avoir son monde virtuel ou se connecter à un monde virtuel, appartenir ou se connecter à un groupe de mondes virtuels, et dans tous les cas faire partie du Monde Virtuel (réseau de réseaux) ou le constituer.

Le triptyque "Quantité, Qualité, Variété" :

Tout dépend de quelle propriété, en quelle qualité, une variété d'identités se connecte à une autre ou à d'autres variétés.
L'absence d'identité est impossible dans la mesure où c'est la propriété ou la qualité qui fait l'identité ("anonymous").

Le triptyque "Localité, Totalité, Globalité" Systémique :

Si un site représente une individualité, une identité, la Localité du site est tout ce qui est à "portée de main" par rapport à ce qui ne l'est pas (physiquement : le lieu ; virtuellement : le "bookmark" ou livre de signets, le carnet d'adresses).
La Totalité systémiques du site est plus que l'ensemble d'un site car elle est implémentée de ses localités (un réseau).
La Globalité est plus que la somme des sites, car elle est implémentée de chaque localité y attenant par relations (un réseau de réseaux). De par le virtuel, la notion de Globalité prend donc une signification complémentaire qui induit d'autres notions de transaction, d'import-export et de transport (physiquement ce qui nécessite un transport ; virtuellement ce qui nécessite un moteur de recherche).

Le triptyque "Représentativité, Relationnalité, Interactivité" :

Le site de l'Homme mondial est nécessairement client-serveur, donc bidirectionnel. C'est un outil, un instrument, un moyen de représentativité, de mise en relation (relationnalité) et d'interactivité. En aucun cas il se contente d'être simplement client ou uniquement serveur. Il communique librement, égalitairement, fraternellement.

Le triptyque "Intériorité, Membranité, Extériorité" :

L'intériorité est le site de représentativité.

La membranité intérieure est l'ensemble des liens relationnels vers les autres. Elle est temporaire s'il s'agit d'une interactivité par navigation immédiate. Elle est permanente quand les liens font partie du contenu du site ou si les liens sont enregistrés dans le livre des signets (ou favoris).

La totalité du site est donc l'ensemble de l'intériorité et de la membranité intérieure.

La membranité extérieure est l'ensemble des liens extérieurs relationnels vers le site.

L'adhérence au site est le site réel lui-même augmenté de la membranité extérieure.

L'extériorité d'un site est donc l'ensemble des sites n'étant pas en relation avec le site considéré et dont ce site n'est pas en relation.

La globalité du site est l'ensemble des sites en relation direct avec le site considéré et l'ensemble des sites potentiellement actualisables dans leurs relations avec le site.

La Globalité est l'ensemble des globalités.

L'application est évidente pour une collectivité. Partant de l'échelle humaine tout dépend du type de facteur relationnel :
Les facteurs relationnels individuels (intériorité) : tout ce qui est géré et résolu par soi-même.
Les facteurs relationnels individuels collectifs (membranité intérieure) : tout ce qui est géré par soi-même et résolut par la collectivité.
Les facteurs relationnels collectifs individuels (membranité extérieure) : tout ce qui est géré par la collectivité et résolut par soi-même.
Les facteurs relationnels collectifs (extériorité) : tout ce qui est géré et résolut par la collectivité.

D'où la différence entre la totalité qui est une propriété à référence individuelle et la globalité qui est à référence collective ou plutôt communale.

Le triptyque "régler, régulariser, réguler" :

Les processus texturaux permettent de mesurer et de faire intervenir les élus sur les relations possibles entre l'individuel et le communal, le privé et le public, en réglant (définition des règles optimales au sens de la liberté, égalité, fraternité et démocratie), en régularisant les potentiels actualisés (obtenus par simulation dans le virtuel numérique) servant l'intérêt général, et en régulant (empêcher les extrêmes : totalitarisme, ghetto, monopole, destruction des variétés et des minorités).

Le triptyque "ergonomie, ergogénèse, ergocybérie" :

Plutôt que de prôner la Morale et imposer une Éthique, et soucieux d'un Design (Stylisme et Stylique) socio-économique appelant une nouvelle esthétique, l'ergocybérie se doit non seulement d'intégrer le facteur humain dans son geste virtuel, mais également l'action humaine dans l'interaction, l'intercréation et l'intercréaction générant la pensée, l'anima et l'action créatrice. La généralisation de chèques socio-communaux (multi volet employeur et employé, charges sociales et taxes) pour l'émulation du cyber-travail, échangeables entre tout citoyen et validés bilatéralement sur le réseau pour le concrétiser pécuniairement. Généralisation de compteurs multi services pour assurer le maximum de services gratuits et la possibilité pour chacun de vendre son service.

Le triptyque "culture, multiculture, pluriculture" :

Dans le respect de l'individu et de la communauté dans ses choix culturels provenant (multi) ou composés (pluri) de plusieurs cultures, toutes cultures doit savoir et pouvoir se définir et s'exprimer dans le virtuel numérique.

Le triptyque "culture, polyculture, transculture" :

Dans le respect de l'individu et de la communauté dans ses choix culturels pour faire évoluer les cultures, toute création et composition doivent pouvoir et savoir comprendre et utiliser les autres cultures dans le virtuel numérique. Les cultures sont la propriété de tous (patrimoine mondial). Seule l'expression se doit d'être l'appropriation et la propriété de chacun selon son individualité.

Le triptyque "modernisme, postmodernisme, transmodernisme" :

Portant les traces de l'identique, de l'ordre, du parfait, de la pureté, de l'éternité du modernisme, l'Homme mondial vit sa différence, son artéfact, son chaos, son altérité, de l'alternité du postmodernisme pour découvrir les relationnels, les liens possibles et réels, le mélange, l'assemblage et le composite, le pluri, le multi et le poly, de la texturité du transmodernisme.

Les moyens de l'Homme mondial pour sa culture en réseau

Pour faire en sorte que le World Wide Web ne devienne pas un World Wild Web.

Pour faire en sorte que le Web, la toile d'araignée, soit la toile du peintre, de la création capturant et captivant le regard et l'action et non le filet de capture des proies faciles, fragiles et fébriles.

Pour faire en sorte que les écrans multimédias ne soient pas les haut-parleurs situés à toutes les places jusqu'à chez soi, pour diffuser la musique militaire et les discours des dictateurs (politiques mais aussi commerciaux et lobbystes).

Il est nécessaire :

Les volontés de l'Homme mondial

L'Homme de demain, du "Cyberspace", de l'espace cyber ou Cyberespace, le cybérien, le cybérique, le cybérant, le cybéral, devient mondial et gère son concret, son abstrait et son virtuel, via les technologies de la société de l'information, le réseau d'information numérique (Internet), non seulement en allant chercher l'information utile et significative, symbole de sa connaissance ou de son interrogation, mais en participant à la production et à la diffusion de l'information. Pour cela :

Les actions de l'Homme mondial Les réalisations de l'Homme mondial

Parfaire les contenus scientifiques et culturels et leurs accès, dans des esthétiques transmodernistes, tant par les individus que par les communautés, pour une utilisation individuelle (ordinateur personnel) que communautaire (système familiaux, collectifs, ou cyberespaces).

En conclusion

Des modèles mathématiques (ou poétique, voire politique sans être polytique) de sociétés virtuelles peuvent être élaborés en prenant sur le réseau des mesures de texture relationnelle (formant des quadri vecteurs d'univers) pouvant être représentée visuellement par des plans imaginaires et reflétant l'activité, les tendances du réseau et son comportement socio-économique, permettant ainsi aux acteurs d'orienter leurs actions dans des directions non extrémistes qui sont le fait théorique des démocraties occidentales et qui pourrait se renforcer pratiquement dans ce sens par l'épanouissement individuel social dans l'intérêt général impliqué dans une démarche poïétique, concrets, abstraits et virtuels, qui fait des processus de conduite créatrice et de la création une activité spécifique de l'humain dont l'Homme mondial en assume la responsabilité pour garantir à tout citoyen la culture en réseau et le développement de ses réalités locales.