Loin d'être hors contrôle, le concept de cybernétique
se régule en France dans un domaine non centralisé
mais distribué en réseau : Information, Systémique et Cybernétique.
Par Patrick Saint-Jean
pstjean@ens-cachan.fr
Maître de conférence à l'École Normale Supérieure de Cachan, France.
Président de Paris ACM SIGGRAPH Professional Chapter.
Membre de l'ASTI (Sciences et Technologies de l'Information).
MARS 2003.

Partie II

La cybernétique et la Société de l'Information
Lors du lancement de la Société de l'Information en Europe à la Conférence du G7 à Bruxels en 1995, le président de l'époque Jacques Delors, fervant et militant des nouvelles technologies, mais le seul des représentants du G7 à n'utiliser le e-mail qu'indirectement par l'intermédiaire de sa secrétaire, a invité fortement tous les représentants et responsables d'organisation (patrons, syndicats, associations, écoles et Universités et particuliers) à prendre en considération cette nouvelle société sachant qu'elle aurait une influence considérable sur l'évolution économique et sociale de notre propre société française et européenne. Compte tenu de l'obligation de toute organisation recevant des subsides de l'État ou de l'Europe d'être présent sur Internet et la volonté des individus, seuls ou en groupes, à participer à la Société, il est alors possible de considérer le Web Français (ou plutôt francophone avec les Suisses, les Belges et une partie canadienne) comme un pool objectif d'analyse de la représentativité des mondes de l'enseignement, de la recherche et de l'industrie, ainsi que des utilisations publiques et privées (sous restriction du discret et du secret professionnels).
Ainsi l'arrivé de l'Internet, vaste réseau de réseaux, avec le concept de navigation dans les espaces d'information, relance la définition et l'identification de la Cybernétique, revue et corrigée.
Sans en faire une analyse typologique, une simple recherche nous fait découvrir près de 11000 pages par le moteur Google et par le moteur multiple Copernic près de 16 700 pages d'une grande diversité allant de la position institutionnelle, à la publication électronique libre en passant par le livre plus sélectif, et donnant la preuve d'une nouvelle existence réelle et très variée assurant une continuité du développement et de l'évolution de la Cybernétique sans la réduire uniquement à un fait historique.

Qui représentent-elles ?

La Cybernétique sur le réseau Internet

Trois tendances majeures font jour :

- ceux pour qui la cybernétique est présente et est l'image marketing d'une activité informatique complexe ou pouvant l'être aux yeux du client.

- ceux qui s'opposent par soucis d'histoire, de la mémoire d'un passé peu glorieux : détracteurs d'un Big Brother tout puissant, peur ou méfiance de tout ce qui est force et pouvoir et peut faire souffrir comme de la bombe atomique ou des moyens de la guerre mis dans n'importe quelle main, et où les mots "consigne, finalité voir solution finale, contrôle et contrôle de masse, asservissement, maître-esclave" ont des relants de féodalité, de colonialisme et de dictature, mais également provenant d'une réflexion profonde et intérogative sur les risques d'un devenir monopoliste et totalitaire, donnant à la cybernétique une image contraire à son contenu.

- ceux qui imaginent le futur par la recherche, la réflexion et l'expérimentation scientifique.

Des définitions nous en sont données :

- reprenant l'histoire : Domaine multidisciplinaire, sorte de science du comportement, créé par Wiener Norbert. "(Pour contrôler une action finalisée, la circulation de l'information doit former)... une boucle fermée permettant d'évaluer les effets de ses actions et de s'adapter à une conduite future grâce aux performances passées." (http://www.linux-france.org/prj/jargonf/C/cyberneactique.html)

- ou actualisée avec retour aux sources : "La cybernétique est par essence une science du contrôle et de l'information, visant à la connaissance et au pilotage des systèmes." La signification étymologique du mot cybernétique (du grec Kubenêsis) désigne "l'action de manoeuvrer un vaisseau, de gouverner" (http://perso.wanadoo.fr/metasystems/Cybernetics.html).

- ou militant d'une nouvelle société : pour inventer un capitalisme à visage humain (http://perso.wanadoo.fr/metasystems/Cybernetics2.html).

D'autres s'annoncent clairement en tant que sociétés de services :

- http://www.cybernetique.fr/

"Crée en avril 1998 sur la région du Ternois, Association de professionnels de l'informatique, du réseau, de l'internet, du graphisme et de la communication. Tous afin de satisfaire vos projets informatiques et réseaux, des plus simples aux plus complexes, de l'installation aux tests en passant par la configuration, création, développement, remise à niveau et hébergement de sites internet et intranet, installation de réseaux, vente et maintenance de matériel informatique et de produits logiciels, formation aux logiciels de bureautique, de comptabilité et de multimédia, accès à cinq machines en réseau à des tarifs très abordables, le tout réalisé par une équipe performante de programmeurs, concepteurs et graphistes. Alors, surf, jeux en réseau ou plus raisonnablement traitement de texte. A vous de choisir !"

- http://www.cybernetique.info/

"A CHACUN SON SERVEUR adsl/linux, création, maintenance de sites web, arborescence, design, mise à jour, référencement, développement avancé, bases de données, Chat, Forum, sites marchands, Webcam, générateurs de pages, e-minitel, UMTS, administration réseau, hébergement, serveur de nom, sendmail, serveur httpd Apache, maintenance informatique, formation, ateliers pour l'assistance à la création de sites, ateliers Cyber Découverte."

En fait, est proposé tout ce qui concerne l'intégration des outils de la cybernétique dans le contexte sociale et professionnel, la complexité étant relative au client et à ses besoins et à l'impact du marketing.

Le Web est aussi l'expression des convaincus de la Cybernétique :

- http://www.ecole-et-nature.org/~encreverte/n33-34/le_xxieme.htm

"Le XXIème siècle sera cybernétique. Le XXI ème siècle sera religieux nous avait prédit André Malraux. Peut-être. Mais cybernétique il sera, c’est certain. Et considérablement. C’est un fait indiscutable, incontournable. Comme individus adultes, comme sujets politiques et militants, nous avons le choix entre trois positions : Refuser, nous battre contre le cybermonde… ou dédaigneusement l’ignorer (quoique ce fut de plus en plus difficile) et nous arc-bouter sur les "vraies valeurs" du réel ; L’adorer sans partage et nous plonger avec délectation dans la "télétique" et l’univers virtuel ; Enfin parier sur une relation double, parallèle : - un pied dans le cybermonde,- un pied sérieusement ancré dans le réel, la vraie vie. La seule option possible est donc, d’une part d’accompagner le plus intelligemment possible les enfants dans leur rencontre, leur cheminement avec le cybermonde. Et, d’autre part, absolument, sous peine de drame, bâtir avec eux une véritable relation au réel, que l’on va essentiellement trouver dehors, dans la vraie vie, en particulier dans l’Éducation à l’Environnement."

- Défenseur et détracteur des détracteurs de la Cybernétique confirment les propos de Kevin Kelly : Cybernétique et société: "Norbert Wiener ou les déboires d'une pensée subversive", un article de Guy Lacroix.

"Avec une critique de la critique montrant les défenseurs et les détracteurs du concept américain de Cybernétique avec une vision plus française : Dans son dernier ouvrage "L'utopie de la communication" (1) Philippe Breton affirme que nous sommes soumis aujourd'hui à une nouvelle utopie, celle de la communication, qui s'appuie sur la promotion d'un Homme "sans intérieur", réduit à sa seule image, dans une société rendue elle même "transparente" par la grâce de la communication. Si la communication a pris autant de place dans nos sociétés, ce n'est pas seulement à cause de la prolifération des machines à communiquer, mais parce que, pour Breton, cette communication a été théorisée dès la fin de la Seconde guerre mondiale par le mathématicien Norbert Wiener. Le père de la cybernétique serait le promoteur d'une utopie de la transparence qui inspirerait ce que notre société actuelle a de plus réducteur.... Incidemment, celui-ci souligne un curieux phénomène d'amnésie collective portant sur cette période de notre histoire récente qui a présidé à la naissance, puis à l'essor, de l'informatique. Les années 1940 à 1955 (environ), ont été d'une extraordinaire richesse intellectuelle. Pourtant tous les débats qui ont eu lieu alors ont été complètement gommés de la mémoire collective. Aussi les discussions d'aujourd'hui, tant sur le plan théorique (avec la résurgence des modèles neuromimétiques en I.A) que sur le plan social (avec le chômage), reprennent-elles souvent des idées qui ont été exprimées dès le début de l'informatisation, en ignorant leurs sources. C'est un peu comme si l'histoire, étrangement, bégayait. Pour mon propos, cette amnésie est lourde de signification. Elle indique un processus de censure sociale dont la cybernétique a été une des victimes. Aussi, en attaquant Wiener, il me semble que Breton se trompe de cible, et que par là il va dans le sens du renforcement de cette utopie de la communication qu'il dénonce."

Développements et expressions scientifiques et artistiques de la Cybernétique
Quand l'imagination va bon train, un réseau c'est comme un ensemble de neuronnes en interaction, ou presque.
Et cela peut donner aussi de belles images et de grandes réflexions.
http://www.chryzode.org/francais/cognitif.htm

La Cybernétique en réseau
La trilogie Wienerienne Matière-Énergie-Information
La notion d'information dans la société s'est donc bien régulée dans la trilogie Wienerienne Matière-Énergie-Information condamnant l'isomorphie totalitaire, la variété de forme étant indispensable à l'information. Et à la trilogie structure-fonction-information va correspondre la notion de chemins multiples interconnectés dans l'espace : le réseau.

Suite au Colloque du CREIS, 28-29-30 mars 2001 à Paris sur les Téléservices publics, Usages et citoyenneté (http://www.creis.sgdg.org/menu/actualites_creis/creis-pv.pdf), le bilan et perspectives de la mise en réseau des services publics (Patricia Vendramin) nous donnent les enjeux de la nouvelle Cybernétique :

"La mise en réseau de la sphère publique et le développement de l’Internet pose des problèmes de régulation d’une nature nouvelle. De nouveaux enjeux apparaissent, relatifs à la protection des personnes, à la réglementation des échanges, à la cybercriminalité, etc. De nouveaux acteurs apparaissent également et s’octroient un rôle de régulateur. Les principes édictés sont souvent non contraignants et interpellent surtout la " bonne volonté et la raison ". Une réflexion sur les critères d’une régulation démocratique paraît essentielle. Quel doit être le rôle de l’État, celui des usagers, et celui des acteurs économiques ? La mise en réseau des services publics et l’expansion de la télémédiation et du self-service pourraient accroître de manière transversale des inégalités et en introduire de nouvelles là où il n’y en avait pas. ... Les faits et les analyses le démontrent : aujourd’hui, les TIC génèrent et renforcent des clivages sociaux plus qu’elles n’en suppriment. …

Les nouvelles formes de citoyenneté arrivent avec les technologies de réseau, et plus spécifiquement l’Internet, qui laissent entrevoir de nouveaux canaux et de nouveaux espaces pour l’expression démocratique. Les expériences de téléconsultation, télédémocratie ou micro-contestation sur Internet sont déjà très nombreuses. Il s’agit aujourd’hui de réfléchir au rôle, au fonctionnement, à la régulation et au pouvoir de ces nouveaux moyens d’expression et de coalition en ligne. Il convient cependant d’éviter un engouement moderniste et dénué de critiques pour ces nouvelles formes d’expression de la citoyenneté. Celles-ci doivent être pensées en complémentarité plutôt qu’en substitution des formes traditionnelles d’expression de la citoyenneté. C’est également l’articulation entre toutes les formes d’expression démocratique, éprouvées et innovantes, qui doit être réfléchie de manière concertée et ... démocratique.".

La boucle n'est alors pas de substitution donc pas toujours négative mais complémentaire selon les besoins, et caractérise une évolution possible non explosive par organisation auto-adaptative, le complément prenant ou pas plus d'importance selon son efficacité, donc minimisant l'erreur, la gêne ou les contraintes abusives, propre de l'inhumain ou du trop humain.

Recherche lexicographique
En recherche lexicographique, utilisant les définitions tirées du petit dictionnaire Larousse, la construction d'un hypertexte sur le champ lexical du mot réseau. (Mel Vadeker, 1997, http://perso.club-internet.fr/vadeker/hyperezo/) nous donne les relations entre Réseau et Cybernétique qui dessinent, parmi les chemins multiples, l'Informatique comme l'intermédiaire le plus court. Cybernétique, Système et Information fond un triangle, mais Cybernétique, Système et Informatique forme un autre triangle plus important dû sans doute au fait que dans l'informatique, l'électronique et l'automatique à l'origine sont très liées, donc plus près du physique que de l'humain. Si entre Réseau et Information le concept de Communiquer intervient naturellement (les machines communicantes), l'intervention de l'humain va s'impliquer dans la communication à travers le Groupe, la Société et la Relation, pôle plus éloigné de la Cybernétique montrant que le Réseau régulé, ou comme moyen de régulation, n'est pas encore prise en compte dans la Société sur le plan humain.

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Réseaux biologiques
Dans la recherche et l'étude en Vie artificielle, l'analyse des processus d'auto-organisation et processus d'homéostasie chez les fourmies, montre que les feedbacks internes négatifs de la fourmillière compensent par régulation les rétroactions positives environnementales favorisant l'amplification, voire l'explosion naturelle du système, pour chercher des équilibres de survie (Vie artificielle : Où la biologie rencontre l'informatique, Jean-Philippe Rennard, Éditeur Vuibert informatique, 2002).
En neurobiologie, si la théorie réticulaire de l'éveil (1949) a été abandonnée en 1983, l'étude systémique des structures et mécanismes responsables du cycle veille sommeil (Michel Jouvet, Encyclopedia Universalis, http://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/jouvet/encyclo_universalis/executif.html) nous montre l'importance des réseaux dans l'activité humaine : "Récemment découvert, le système à histamine est considéré comme l'un des systèmes les plus importants de l'éveil. Les systèmes d'éveil sont disposés en réseaux. C'est-à-dire que l'excitation pharmacologique de l'un est suivie par l'activation de tous. Le système à histamine, est considéré comme l'un des systèmes les plus importants. On admet actuellement que l'organisation des réseaux exécutifs de l'éveil est activé par d'autres systèmes venant du tronc cérébral, dont la formation réticulée mésencéphalique et le noyau réticulé bulbaire magnocellulaire. L'ensemble de ces structures du tronc cérébral reçoit des collatérales, des afférences sensorielles et végétatives qui participent ainsi au maintien de leur activité. On doit ajouter également à ces réseaux ascendants qui contribuent à l'éveil cortical (donc à la "conscience", à la mémoire et aux différents processus cognitifs), deux autres systèmes qui jouent un rôle majeur dans la régulation de la motricité et du tonus sympathique."
Quand "les systèmes adaptatifs ne se contentent plus d'une boucle de feedback entre une sortie et une entrée, ils élaborent des représentations de leur environnement pour se mettre en situation d'acteur par rapport à celui-ci, avec une forte capacité d'anticipation, c'est à dire de construction artificiellement élaborée". Un système producteur de faits de conscience peut être considéré comme un certain système adaptatif (Conscience artificielle et systèmes adaptatifs, Alain Cardon, Ed Eyrolles, 2000).

Comportement à intelligence individuelle, collaborative et coopérative
Quand un monde nait ou se crée, une des facultés de l'esprit ou une volonté intellectuelle est de le gouverner. Ainsi "La planète des esprits : Pour une politique du cyberespace" (Philippe Quéau, philosophe, fondateur d'Imagina, Édition Odile Jacob, 2000) où le Pouvoir des lois donnerait au Virtuel un rôle besogneux d'une tradition Gutenbergienne : "La nouvelle imprimerie : le virtuel, abstraction concrète". Une idée que l'on concrétiserait par l'impression sur un support issu du virtuel numérique, de l'ordinateur en tant qu'outils de production. Mais que serait l'abstrait comme concret virtuel et le concret comme virtuel abstrait. En fait l'Écriture, toujours l'Écriture, celle qui fait les Tables de la Loi. Et la boucle est bouclée. Mais une boucle à l'envers où l'écriture n'est pas une finalité mais la source première de toute chose, la boucle du pouvoir intellectuel. Pourtant le Virtuel numérique fait chaque jour ses preuves non pas comme outils mais comme média de projection de son propre virtuel mental permettant la réflexion propice à la création. Le virtual casse la sacro-sainte dualité abstrait-concret pour s'imisser et prendre pleinement sa place dans le trilogie cybernétique concret-abstrait-virtuel, une façon de redonner poétiquement à l'Homme toutes ses falcultés équilibrées du corps, de l'esprit et de l'âme (prise de conscience d'un inconscient).
Et de nouvelles intelligences se créent en réseau : certes les intelligences individuelle et collective (Pierre Lévy, 1994) mais également les intelligences collaborative et coopérative où les émetteurs ne sont pas uniques et les structures d'organisation plus complexes. En effet, l'accroissement des possibilités de l'information, dans sa transmission et diffusion mais surtout dans son interactivité favorisant l'échange donc l'expression, la discussion, la réflexion, le contrôle convergent, divergent, intégrateur ou différenciateur, diviseur, confrontateur, démultiplieur et amplificateur, développe les facultés humaines relationelles.

Dans les années 70, l'auteur a travaillé sur les réseaux (optimisation de réseau à destruction partielle, Thomson, 1973) et sur les textures des quanta sonores dans le timbre musical ou bruital, et des images microscopiques biologies chromatiniennes (noyau cellulaire, CEA, 1974) et cellulaires (tissus, cultures, Université de Paris 13, 1981) dans les années 80, pour aborder dans les année 90, de façon plus générale, les textures de concepts dans les bases de données relationelles et les textures de l'information dans les réseaux.

Plus que dans un texte linéaire, l'analyse texturologique des informaions multimédia permet de mettre en relief les concepts informationels.


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Quand des concepts se structurent, le module linéaire qui les isole dans le texte,
peut prendre de la phase qui les met en relief dans le contexte du réseau.

La virtualisation de la structure relationnelle des textures par l'image auto-organisante et interactive permet d'analyser une population en fonction des propriétés de ses éléments et des propriétés de textures relationelles, et d'y effectuer une typologie relationelle non topologique (pas nécessairement fait de classes et d'ordres mais de réseau de réseaux).


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L'auto-organisation se fait sur des images de mesures structurelles du concepts (liens réticulaires des éléments du concept)

La convergence vers des oscillations dans la succession des images dans le processus de classification montre, qu'après une phase transitoire, la classification est bijective s'il ne reste que deux images symétriques ou au contraire présente plusieurs points de vue (multi-modale) propice à la mise en volume.


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L'auto-organisation des concepts entre-eux montre :
- les champs d'expression des concepts,
c'est à dire les regroupements des racines et concepts associés
qui coopèrent à l'immanence du concept (zones dans le rouge) donc la connaissance,
- et par complémentarité (zones dans le bleu) l'ignorance

L'image finale est alors une représentation consciente d'un état. Un processus temps réel fournirait un système adaptatif à l'observation.
La taille des mémoires d'image n'a plus autant d'importance qu'au départ (ici 256 individus avec 256 paramètres), sauf dans un besoin d'image interactive devant utliser les "ascensseurs" pour découvrir une population dans l'ensemble des mesures visualisées. Et l'analyse est possible pour de grandes populations très variées à l'échelle du monde (nous sommes bien loins des limites des années 70 où l'analyse de 500 échantillons ayant 3 à 7 paramètres était déjà un record par les méthodes traditionnelles de l'époque).

Et le Design du Concept est rendu possible en contrôlant les formes (structures relationelles), les couleurs (par exemple dans la trilogie concret-abstrait-virtuel), les éclairages (apports des concepts environnementaux), et l'environnements et cadres de vie du concept. Par exemple comme le montre la recherche lexicographique précédente, le concept de cybernétique reste dans le contexte de celui de l'informatique, du système et de l'information mais ne s'identifie au groupe que par le concept de "communiquer", ou à la Société que par le besoin de créer des relations par la communication. Également la cybernétique semble se relier au pouvoir par le moyen qu'offre le réseau à communiquer de l'information, le concept de gouvernance n'étant pas encore présent.
Dans les années 2000, l'auteur fait évoluer sa théorie vers les Texturologies Quantiques où la forme relationelle est intégrée sous forme de distribution propre aux capteurs,  à l'instrumentation de mesure, ou de la perception par des récepteurs spécifiques propice à une meilleure identification. Reste à les virtualiser.

Images-clé, Capture de mouvement, Simulation et Vie temps réel
Comme les technologies du cinéma et de la photo ont influencé la vision de la philosophie du siècle dernier (la photo comme instant de vie, la prise de vue comme tranche de vie, la succession des instants qui annime la vie, quantification de l'espace-temps, etc.), celles du virtuel numérique ne manquent pas d'initier ce 21-ème siècle. Techniquement, il est toujours possible de tout calculer entièrement à chaque instant avec une haute définition, pixel par pixel, image par image, séquence par séquence, dans toute sa texture et sa phénoménologie impliquée (matériaux, éclairage, mouvement). Enfin, quand le temps n'a pas d'importance. Mais, quand le temps s'en mèle, la course commence. Pour faire traditionnel, il suffit d'y mettre les moyens. Mais quand il faut faire vite et bien, tous les moyens sont bons pour créer l'illusion du réel, sans se rendre compte de la prise en compte événementielle (images-clé) avec mémorisation de ce qui ne varie pas (ou pratique pas), du calcul par interpolation de ce qui change, de la compression et du codage. Le résultat en temps différé fournit des rusches comme des prises de vue laissant à l'étalonnage, à la calibration et à la colorimétrie, le soin de parfaire le montage, comme d'habitude. Mais quand le temps presse, le calcul s'optimise. Pas question de calculer chaque position de tout les éléments de chaque objet ou sujet, l'acteur ou l'objet en mouvement fournit ses informations lui-même en temps réel (capture de mouvement) et l'acteur synthétique s'exécute dans son décor numérique que la vision de l'image rend exemplaire. Et quand le temps est permanent et immédiat, réfléchir est instantané dans l'action et tout phénomène physique, toute sensation, toute action et interaction se font en temps. Le précalculé est minimisé selon la puissance de calcul qui lui assure l'action temps réel avec ses interactions, réactions et rétroactions. Si l'Histoire est une réflexion sur la mémoire et l'expérience la réflexion sur la vie, la simulation devient alors la réflexion sur la virtualisation, cette mise en support actif d'un non-réalisme, d'un réalisme ou d'un trans-réalisme sur un média qui s'exprime sous une forme spécifique pour permettre une perception objective dont la réflexion subjective engendrera une volonté projective. Si l'illusion suffit au Cinéma (ou presque) car la séance devra bien se terminer, la vie est en perpétuel rebondissement, et la navigation, la gouvernance ne peut se faire sans l'intégration du processus d'information dans un processus de véracité autant soit peu qu'il soit possible d'aborder le réel ou la cohérence du réel perceptible.

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Après la prise de conscience de son Être en tant qu'individu possèdant son corps ou physique, son esprit ou pensée, son âme ou anima et imaginarium, généralement en interactivité sensori-motrice avec son environnement, et pour certains avec une croyance en une interactivité métaphysique et paraphysique voire psychique, l'Homme découvre de plus en plus son existence sociale et mondiale à travers non plus seulement une réalité physique, ou abstraite mais une réalité virtuelle par les nouvelles technologies de l'image et du multimédia numérique en réseau, remettant en cause une fois de plus la dualité concret-abstrait, ouvrier-intellectuel en replaçant à nouveau, après 1968, l'imagination au pouvoir comme premier virtuel mental, mais cette fois-ci insufflant un nouveau réalisme philosophique instrumenté par les nouvelles technologies  : si vous ne pouvez tout voir, tout entendre et tout dire en tout lieu et tout temps, alors l'information  communiquée ne doit plus seulement être un texte illustré (monde de Gutenberg), ni une image commentée (monde de Mac Luhan), mais un processus de vérification menant à une vérité multi-forme, multi-point de vue, multi-éclairage, processus cybernétique et systémique nécessitant un média intermédiaire, un médiateur et une interactivité à partir desquels le regardeur - enfin plus encore : l'enquêteur sédentaire - organisera sa propre réflexion pour répondre à sa propre interrogation. Ce qui est vrai pour le passé, l'est aussi pour le futur : comment réaliser un futur complexe sans un processus de véracité par la simulation, une recherche de réalité virtuel augmentée et simulée assurant l'actualisation de ses potentiels et potentialités. Et ce à la portée de tous. Prévoir, c'est voir maintenant ce qui sera peut être demain afin que notre regard dans le futur nous informe et induise une réflexion, une rétro-action qui nous permette d'agir maintenant pour qu'il le devienne. Ainsi au lieu de se contenter présentement du regard d'aujourd'hui qui nous induit une réflexion dont le résultat est forcément une action devenue passé (à si j'avais su, si c'était à refaire, il aurait dû faire autrement, c'est cela qui aurait fallut faire) résultat de l'expérience, et qui ne peut plus créer le présent, seule la rétro-action d'un futur, réalité simulée par l'imagination mentale ou instrumentale jusqu'à devenir une réalité virtuelle qui par apport de sens donnera une réalité augmentée projetant le devenir dans l'action présente.
 

Mais est-ce seulement une question de traitement de l'information ?
La Société française cherche a évoluer :
Le Commissariat général au Plan vient de publier son rapport sur les métiers face aux technologies de l'information (à la Documentation française). Une bonne partie des conclusions ne font que confirmer des convictions répandues dans les communautés STIC (Pierre Berger, ASTI Hebdo) :
- les TIC vont de pair avec des réorganisations, qui appellent à la fois à plus de compétences techniques et plus de capacités d'adaptation aux changements d'organisation,
- les TIC comportent des risques d'exclusion,
- le fond des métiers subsiste, mais certains métiers se recomposent.
Plusieurs propositions d'action sont mises en avant :
- développer la culture ergonomique dans les entreprises,
- encourager la négociation des changements,
- ouvrir le dialogue social sur la certification.
Si le PCIE (Passeport de Compétence Informatique Européen, http://www.pcie.tm.fr/), soutenu par l'Asti prend toute sa place, le Commissariat ne se contente pas de la situation existante, et invite à "développer une réflexion sur l'élaboration d'un certificat de qualification professionnel (CQP) TIC".
D'autre part :
"... Des "organisations virtuelles", constituant des communautés distinctes d'utilisateurs et de ressources associées au sein d'une même infrastructure de grille, permettent de définir maintenant dynamiquement des espaces de coopération autour de ressources et d'objectifs communs, assurant le partage de logiciels et de puissants moyens de traitement, par exemple en CAO par des entreprises et leurs équipementiers." (Cinq questions à Marcel Soberman, ingénieur de recherche, en charge de la coordination et de l'ingénierie des projets au département Stic du CNRS http://asti.asso.fr/pages/Hebdo/h114/h114.htm). Déjà en terme de traitement conditionel de l'information, le nombre de rétro-actions possibles et utiles en temps réel est important pour obtenir la convergence d'un projet faisant intervenir un grand nombre de corps de métier.
"L'appel aux grilles est tout à fait concevable sous forme de services web, et la norme Ogsa (Open grid services architecture) est en cours de spécification au sein du GGF (Global grid forum, le principal organisme consacré au grilles). Cependant, il faut rappeler que des applications peuvent échanger entre elles via les web services sans être sur une grille, et qu'elles peuvent s'exécuter sur une grille sans se préoccuper d'Ogsa. Par contre, cette norme permettra l'interopérabilité entre grilles et apportera un support intéressant pour des fonctionnalités telles que l'allocation dynamique des processus en connaissance du nombre de processeurs disponibles à cet instant." nous dit-il. Cela donne une idée des processus en boucle instanciables et mise en jeu dans un processus de production ou d'expérimentation piloté de façon automatique et interactive en tenant compte de données environnementales évolutives. Et ajoute-t-il : "...Je connais une entreprise qui exploite en réseau quelque 13 000 unités centrales dans le monde. Et quand elle a besoin de puissance supplémentaire, elle achète 1000 PC de plus. Mais on finit toujours par buter sur des limites. Ne serait-ce que la complexité de gérer de tels parcs, de leur trouver des locaux climatisés... ". Les rétro-actions ne concernent plus seulement le traitement de l'information mais bien l'organisation et la politique de développement et de maintenance. La Cybernétique n'est pas seulement une régulation de l'information ou un traitement de l'information faisant intervenir des régulations, mais également une volonté et une énergie à gérer la matière, les outils et instruments, les ressources en matériel.
Et poursuit-il : "Le recours à des grilles multiples s'imposera d'autant plus que l'on dispose de plus en plus d'outils permettant un accès transparent aux ressources. On peut s'inspirer ici de ce que font les opérateurs téléphoniques : c'est à peine si l'on sait que l'on travaille avec SFR, Bouygues ou Orange. De toutes façons, le client n'a pas à se préoccuper des accords qui les lient entre eux .... Et des solutions sont indispensables du point de vue d'un partage équitable des coûts, de la rémunération des services, mais aussi comme outil de contrôle - envers des travaux qui utiliseraient incorrectement la puissance de l'outil - et de régulation du système." Et là tout recommence : si le "Qui contrôle quoi ?" n'est qu'un problème d'organisation et de répartion des tâches, le "Qui contrôle qui ? Ou "À qui profite le contrôle ?" reste un problème de Société, de cytoyen, d'Humanité qui ne peut être en reste. En régulant la peur paranoïac des extrèmes, mais dont l'élimination pourrait mener à l'aveugement, le processus de questionnement et surtout de réponse sociale pratiquement temps réel avec compensation des effets ou des méfaits de bord est une problématique actuelle toujours vivante de tous les jours aussi bien dans le cadre local que mondial. Le Cybernétique se trouve alors dans le coeur de la Systémique.

Conclusion
Cybernétique, Systémique ou Sciences et Technologies de l'information (STI), si la discipline évolue avec son nom, tout en gardant son passé, son histoire, ses origines et ses références, vers un sens plus généraliste, les particularités comme la rétro-action ou feedback, le contrôle et la régulation d'une chaîne ou d'un processus bouclé, leur ayant donnés naissance, sont devenues presque des banalités, leur complexité propre, résolue, les faisant évoluer vers des complexités de réseau et de réseau de réseaux, où elles s'exercent en grand nombre diversifié, tout système plus simple pouvant s'intégrer, analysable en sous ensemble ou catégorie isolable.

A la Cybernétique viennent s'adjoindre les notions de Cyber-espace, Cyber-culture, Cyber-control, Cyber-criminalité, Cyber-sécurité, Cyber-Éthique où la notion de réseau est latente. Alors si le réticulaire faisait évoluer la Cybernétique vers la Cyberrétique ou en simpliant la Cyberétique ou la Cyberique pour parler de la Cybericité des réseaux d'information, ce monde multimédia de réalité virtuelle, de réalité augmentée et de réalité simulée, où imaginaire, langage et mouvement se mixtent de plus en plus dans notre réalité de tous les jours.

En France si le Cybernéticien peut correspondre à un profil, dans le monde du travail, aussi bien comme un super-technicien de la régulation qu'un chercheur de haut niveau, le systémicien généraliste chargé des systèmes complexes d'information sera-t-il celui de l'ingénieur informatique de demain ? Comme l'avait souhaité Von Bertalanffy.

A moins qu'il ne devienne, plus spécifiquement, le "Cyberéticien", qui n'inclut pas celui de la pleine prise en charge du "Big Brother", "grand maître du réseau" que lui confère la cybernétique en tant que science de gouverner ("en tout puissant") mais fait partie du systémicien, grand ouvrier, voire "grand oeuvrier", alors plus spécialiste dans la self-gouvernance en environnement réseau à puissance et pouvoir réparties. De "l'Out of control" de Kelvin Kelli, nous pouvons dire que, dans les faits, "all is under control", tout est sous contrôle, mais soit en auto-contrôle (self-control) ou en contrôle naturel (Natural-control). Pour ce qui est du contrôle humain (Human-control) il est encore très mal réparti entre l'individuel, le collectif et le coopératif, selon les besoins. Et il faudra encore de longues luttes démocratiques, professionelles et économiques pour le faire converger vers un idéal ou plutôt vers une réalité fiable et efficace pour tous.
Alors après l'indépendance, l'autodétermination, l'autogestion, pourquoi l'auto-gouvernance coopérative, dans le cadre des Droits de l'Homme, ne serait pas le nouveau "deal", le nouveau but de la Cybernétique ?
 
 

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